A: Bien. Abdou, il a raconté un peu pourquoi je suis venue ici?

I: Oui, racontez –, – je Vous écoute.

A: Je suis venue parce que j’ai des objets que j’ai trouvés en des lieux différents.

I: Oui.

A: Il y a des objets que j’ai trouvés en Chine.

I: Oui.

A: Un objet, qui vient de Paris mais d’origine Marocain… Il sont tous des objets qui ont à faire avec la nature. Il sont ou naturel, ou des imitations de nature. Et moi, je sens que dans ces objets il y a comme une force, quelque chose que – un certain type de magie que je comprends – que je ne sais pas lire.Et je suis très heureuse que Clémentine m’ait ramenée ici, parce que quand j’ai écouté Votre conversation de l’autre jour, Vous avez dit qu’il y a un sens dans les objets dont on peut mettre en nœuds, et aussi –

I: denœuder –

A: ouvrir les nœuds. Et ça c’est ma question. Est-ce que dans les objets que j’ai, est-ce qu’il y a déjà quelque chose lá dedans, que moi je ne comprends pas – est-ce que c’est possible de le comprendre pour quelqu’un d’autre comme par exemple Vous – où est-ce que ça reste une chose inconnue a nous.Et – est-ce que c’est vraiment seulement une chose que nous interprètent – qui dépend de notre interprétation du contexte culturel – ou est-ce qu’il y a dans les objets quelque chose qui est complètement diffèrent de nous?

I: De toute façon dit que, dès que Vous Vous saisissez d’un objet, dès qu’un objet Vous est parvenu, où dès que par quelque fluide vous tendais vers un objet, par vous-mêmes; et que Vous avez l’impression que c’est l’objet même que Vous attire –

A: Oui, c’est ça –

I: Oui, que Vous allez vers elle, que Vous la saisissez – c’est déjà une parole – c’est déjà une parole. Maintenant, est-ce que c’est nécessaire de savoir si c’est vous-mêmes qui aviez un regard sur l’objet – quelque chose en Vous intérieure – une certaine intériorité qui Vous pousse vers l’objet – où est-ce que c’est l’objet lui-même, en soi, qui a quelque chose qui Vous dites de venir.

A: Oui, c’est ça la question.

I: Où est-ce que c’est l’objet en lui même qui contient une énergie propre, á elle, qui est en relation avec la même énergie qui est en Vous, qui travaille en dehors de Vous – dehors et de vous-mêmes, et de l’objet –

A: Oui!

I: Tous cela est possible. C’est une question. Met-il toujours qu’il y a plusieurs possibilités d’approche par rapport a un objet que nous avons en notre possession. Toujours. Une fois que nous avons un objet en notre possession, nous allons considérer en manière évidente qu’il y a une relation entre cet objet la et nous-même. Chercher á savoir laquelle relation, c’est à commencer á s’interroger sur nous mêmes, et l’attirance qu’un tous cas s’exerçait á l’intérieur de nous-même – qui nous a ramené vers l’objet. Où la relation qui pourrait exister entre nous-même, l’objet et les mains, d’où cet objet la vient.

A: Les mains?

I: Les mains?. Par exemple, imaginons que l’objet la soit un cadeau.

A: D’accord.

I: Imaginons que ce soit un cadeau. C’est une main. Tu remets le cadeau.

A: Oui.

I: Le cadeau prend sens, a sens.

A: Oui.

I: Mais est-ce que donc ce que nous pensons que l’objet dit, qui nous aide de relater – où est-ce que le sens que nous donnons à l’objet par nous-même, qui donne sens á l’objet – où est-ce que le sens de l’objet se trouve entre les mets de celui qui l’a choisi et qui l’a remis entre nôs mains. Voilà une question –

A: Oui.

I: – qui peut se trouver au niveau des trois axes. Mais moi – devant une telle situation, je m’inscris tout suite dans une quête, dans une recherche de la parole de l’objet par et pour elle-même. Ce que l’objet dit. DIT. Qu’est-ce que l’objet dit. Cela, si c’est un objet comme Vous le dit par exemple que nous viens de Chine – alors même que nous ayons une vision, un regard sur l’objet, pour mieux expliquer le regard que nous même nous avons sur l’objet, il est nécessaire qu’on approfondisse la signification de l’objet par rapport au lieu d’où il vient. En tant que objet culturel socialisé.

A: C’est aussi pour ça que je ne voulais pas venir avec des objets Africaines. Je n’ai aucun objet Africain. Enfin, ce que m’intéresse, c’est la question s’il y a une signification ou une langue des objets dehors du culturelle. Parce que les objets que j’ai acheté en Chine – déjà moi comme Européenne je ne le comprends pas, et je ne vais jamais les comprendre dans leur contexte culturel. Même si la personne qui m’a vendu les objets va m’expliquer, je ne vais pas comprendre vraiment ce qu’ils disent. Par ce que j’ai pas vécu dans cette culture. Non – alors ils me manquent tout les contextes plus fins et plus larges des mots.

I: Là n’est pas l’essentiel, mais il y a une partie simplement de l’essentiel. Ce qui va être important maintenant, á partir de tous cette trajectoire, c’est le sense, l’existence, l’utilité que Vous allez Vous désormais donner á cet objet. Il n’est pas exclu, quand en lui donnant une signification, peut-être une nouvelle signification, que Vous prenez en compte la signification culturelle, que le peuple où l’individu, où la culture qui l’a produite, lui donnait comme fonction social. Admettons que ce soit des soldats blancs, ou des bouddhas – il y a toute une polysémie culturelle. Possibilités qu’il Vous offert. En tout cas, aujourd’hui a rapport aux objets et leur circulation, il est important – très très très important – pour la compréhension des peuples et des cultures – que chaque objet importé d’un pays, puis dans un pays, dans une main, dans un secteur, dans un terroir, pour le ramener dans un autre terroir, puis dans un terroir – soit considéré comme chargé de toute une histoire. L’histoire de l’individu qui a fabriqué l’objet –s’il est un objet fabriqué – où l’histoire des peuples, où des natures, du pays, où de l’espace d’où cet objet nous viens, au cas qu’il n’aurait pas connu sur le plan fabriquationnel la main de l’homme.

N’importe quelle météorite dit quelque chose. Dit quelque chose de la nature, et toute histoire de la nature. N’importe quel. N’importe quelle feuille également qui tomberait dans ce jardin ici, qui passerait de la situation d’objet, de feuille naturellement parlant, pour passer á un objet, déplacer de là á là prends une position qui devra participer á la définition de l’ensemble ici.

A: Oui.

I: Et au-delà d’ici de toute la placequil (??) et au-delà de la pasquille de tout le continent et au-delà du continent de tout le monde. C’n’est pas une question d’interactivité, c’est plutôt pas même une question d’interférence, c’est une question de relation du vivant.

A: Oui.

I: Du vivant et inexplicablement lié aujourd’hui. Et les objets viennent, simplement, d’aider les hommes á mieux comprendre. Mieux comprendre. Votre objet, d’où qu’il vient, cet objet de Chine porte toute la Chine. Même si c’est un objet de plus infime porte toute la Chine. Donc, entre Vos mains Vous possédez toutes les voix possible et imaginable de connaissance de la Chine et au de là… Maintenant, Vous allez détailler….

A: J’ai encore deux questions. Si Vous dites, qu’une feuille qui tombe ici change les relations pas seulement de cette cour mais finalement de tout le monde –

I: Évidemment –

A: Oui. Alors, moi j’ai noté que chaque fois que je viens ici, les objets qui au premièr regard se trouvent dans la même position depuis longtemps – parce qu’ils sont vieux, ils sont poussiéreux, non ?

I: Oui –

A: Mais j’ai bien noté, que chaque fois que je viens ici, ils ont changé de place. Et quelquefois tout l’ensemble a changé pour moi vraiment de sens. Par exemple dans cette région-là –

I: Oui –

A: Il y avait à la première jour une sculpture avec une Tête des – c’est quoi, des ?

Abdou: Avec des clous.

A: Avec des clous. Et ça faisait une sculpture d’homme. Et le prochain jour la tète était parti et ça faisait autre chose.

I: Oui.

A: Un jour, il y avait la sculpture qui était sur la terre, et c’était comme un enterrement. Et le prochain jour, elle était debout. Alors je me demande, si Vous faisait ça – de ranger l’ordre ici dans cette cour – qu’est-ce ça change au monde?

I: C’est un processus créationel naturel. Tous les jours, je fais… á chaque fois, qu’un individu déplace un objet d’un endroit à un autre, il participe au changement du monde. À l’ordre. A quelque niveau, à quelque endroit qu’il soit. Il n’y a pas un être, qui dans son mouvement, dans ces activités quotidiennes ne participe pas – pour ne pas dire, peut-être changement, c’est trop connoté – mais a l’évolution du monde, au mouvement, au mouvement du monde.

A: Oui.

I: Parce qu’en vérité, ce qui pense, ça tourne toujours sur un même axe, pourrait quelquefois devoir la théorie sur la question (??) de tous qui tourne tout le temps sur le même axe. Dans le cas du monde, le monde ailla un début et a évolué, et les hommes doit participer á sa marche et faire avancer juste á sa fin. Et quand une feuille tombe le printemps, il ne signale pas que les saisons. Quand nous déplaçons la tète de la sculpture là-bas, c’est parce que intérieurement un évènement se déroulait ici, et ce qui s’est travaillé ici devrait donner une tête á l’objet, une tête cloutée. À l’autre objet en fer avec tout le corps en pierre, une tête. Une tête. Ce cycle, c’est poursuivant á une autre étape. Poursuivant une activité et création quotidienne. L’homme est donc créateur, l’homme naturellement. L’artiste, c’est un métier, une profession bourgeoise, mais l’homme – la création – artiste – c’est tous les hommes, tous les êtres humains, qui tous les jours font quelque chose dans le sens de développement. Le palissement de soi même, de la communauté, et au-delà, de l’humanité.

A: Alors – ça c’est une question plutôt personnelle. Quand moi, je fais d’art, j’ai l’impression que ça ne dépend pas a cent pour cent de moi. J’ai plutôt ce sentiment qu’il y a quelque chose que passe sur moi, que je suis plutôt le moyen de –

I: Vous êtes simplement pas un intermédiaire, un médiateur, Vous n’êtes pas un passeur, Vous êtes le moyen par lequel quelque chose de supérieure s’exprime. Vous êtes peut-être même inutile.

A: Oui, c’est ça.

I: Il faut l’accepter. Ce qui l’accepte, les créateurs qui acceptent ça sont dans des bonnes dispositions pour faire œuvres.

A: Qui. J’ai l’impression que je me bouge dans cette direction-là, mais il faut vraiment laisser beaucoup de volonté.

I: Hm hm.

A: Et de venir ici c’est aussi une histoire comme ça, que m’est passé plutôt que moi que l’a créé, si Vous entendiez bien…

I: Il faut, l’homme doit naturellement créer son passé pour se projeter dans un avenir.

A: Oui.

I: Le créer. Comme le serpent fourra sa mue. Il faut se – pas se défaire, mais il faut créer son passé. Il faut l’assumer comme il est, et quand on est créateur, travailler le processus de ça dans son ??? Parce que c’est dans cette transformation là que l’avenir naît. C’est ce méta psychose, cette métamorphose ou ce méta – plutôt transmutation. Il faut muer les personnes, notamment ce qui créent, d’accepter ça : dès que tout ce qu’il se passe á travers des objets culturels socialisés, qui ont choisi une voix ; certes difficile, complexe, mais c’est peut-être une des meilleures voix, parce qu’elle permet la compréhension de l’autre. C’est un résidu, c’est un met dans une (?))) qui nous dit: Ah, nous, nous ne sommes pas seules au monde.

A: Oui.

I: Ah, moi qui pensais l’unique fille de ma mère, voilà que je me rends compte que mon père est plutôt la mère de mon père. Et les objets, ça permet beaucoup chose… mais respect, il faut – et c’est le plus difficile ça – surtout dans une perspective occidentale, c’est très très difficile de considérer l’objet en soi. De lui reconnaître une autre charge énergétique que celle trop superficielle ou celle que la machine donne. Parce qu’on sait que c’est un accident (??) qu’on ne voulait ne pas reconnaître à la pierre – cette énergie-là, cette parole-là, cette force-là, sans avoir une foi qu’il y a un dieu créateur et unique. Et les civilisations machinistes ou industrielles veulent même avec la mort de dieu ne pas aller jusque á lá. Parce que c’est tout suite se mettre en face d’un créateur unique. Et qu’entraîne encore à une polysémie, on voulait faire un nouvel sens aux objets, plusieurs senses, on voudrait qu’il y ait plusieurs senses – c’est encore le refus d’accepter, au-delà du sens que nous nous donnons, où que les peuples donnent aux objets culturels socialisés, le sens que les objets que nous-même n’ont pas crées, donnent. Mais il faut avoir le courage de franchir ce seuil/pas. De reconnaître que au delà du fait de pouvoir charger l’objet, de le charger soi même, n’il y a que l’objet en lui même possède une force, énergie qui signifie, indépendamment de notre volonté, de notre besoin, de nos désirs, des nous soucis esthétisants, de nos volontés de vouloir faire que les objets prennent des directions que nous leur ont indicées – bon. C’est pourquoi si nous le laissant à leur place, ils restent à leur place, mais puisque nous savons ça il faut maintenant qu’on les aide à se déplacer. Si nous n’aidons pas cet objet la à se déplacer, il ne pourra pas le faire par lui-même, et le vent aussi puissant qu’il soit ne pourra pas le lever. Et le feu aussi destructeur qu’il soit ne pourra pas le brûler parce que même si ça brûle juste à la cendre ce qui est là – cela nous ramène à toute une discussion que les créationnistes où les matérialistes ont encore. Mais c’est des débats, des discussions d’arrière-garde. Il faut que les artistes contemporaines – contemporaines – ces qui connaissent déjà leur passé – ce qui savent qu’il sont déjà tellement en retard sur leur passé, et plus en retard encore sur leur avenir, parce qu’ils s’attendent un avenir que eux même doivent créer – se trouvent dans une situation où ils se refusent juste à présent à ce que c’est de l’objet, par la voix plus simple, par la voix de son propre corps, de l’incorporation, de la décorporation, par le saisir de la matière, de son traitement… Avant que d’envisager l’objet comme quelque chose que le marchand Vous vend et qui Vous présente promotionnellement, on lui donnent énormément des paroles, soi disant, c’est lui, mise même en présence là, qui travaille á la science –, – ils donnent, on fabulent peut-être, d’autres messages, autres codes à l’objet, qui sont postérieurs à ce que le créateur de cet objet avait donné initialement.Plus l’objet se déplacera de mets en mets plus elle sera plus chargée, plus elle sera déchargée comme mal, comme mâle (??), comme portant sens de l’histoire de toutes les mains, de, tous les peuple, de tous les regards, de tout l’espace – admettons que Vous posez ici Vos objets, alors, ça prendra sens ici, ça partira avec les choses d’ici, au cœur même de l’objet. Inévitablement. Ou Vous allez poser ça dans Votre atelier, dans un appartement, dans une rue ou égarer quelque part dans une gare, cet objet traînera avec a son sens l’histoire d’un pays. L’histoire des hommes de ce pays, des femmes de ce pays. Une histoire de ces oiseaux qui bientôt vent migrer et feront peut-être avant lui ou après lui la même trajectoire. C’est normal. – Oui.

A: Et en déplacent l’objet Vous disiez que l’objet traîne avec soi toute cette histoire, non?

I: Oui.

A: Et de l’autre coté, est-ce qu’il perte pas aussi – comment dire?- Pour moi ça me semblait que si je déplaçais l’objet plusieurs fois, de la Chine á mon appartement, de mon appartement á l’atelier –, – je l’ai même déplacé dans la rue –

I: Oui –

A: Je les avais dans la rue devant ma maison, je les ai caché dans des coins la…et après on les déplacent de nouveau de l’Allemagne á ici – j’avais parlé avec un ami et j’ai dit que c’est un peu comme une machine á laver, c’est comme une machine á laver qui le purifie du sens –

I: purifie –

A: cet objet que á la fin le détache de plus en plus du sens qu’il avait –

I: originalement –

A: oui, et ça m’aide de voir si par fin l’objet vide de sens – si ça me rapproche, comment dire, a un sens muet qu’est dans l’objet soi même, comme Vous avez dit avant – et ce sens muette c’est définitivement pas une parole de notre langue…

I: Le fait que l’objet soi le muet – qui le dit? C’est Vous. C’est Vous qu’avez décidé que l’objet ne parlait pas, n’articulait pas, ne disait rien. Mais puisque donc tout ça est vrai, pourquoi donc a-t’on besoin de traîner d’une autre vie des objets, pourquoi a-t’on besoin de garder encore la sandale qu’on avait depuis on avait quatorze ans? Pourquoi gardons les sandales de nos quatorze ans? Puis qu’elle ne parle plus? Et d’ailleurs n’ont jamais parlé? Non, ils parlent. Les objets parlent. Mais parle leur langue.

A: Oui.

I: Les objets parlent leur langue. Le vent parle. Le vent parle sa langue. Les oiseaux parlent. Ils parlent leur langue. – Mais voilà. Je pense, moi, qu’un objet qui est née on Chine, qui fait un voyage de la Chine en Europe, de l’Europe en Afrique, et de l’Afrique en Europe – cet objet-là, on ne peut pas dire qu’il est insensé. Si on avait envie aussi de lui enlever le sens, de le désenser – permettez l’expression – si on avait envie de ça on ne pourrait pas; où l’on aurait fait, on aurait pris une décision arbitraire, scientifiquement inadmissible. Où, sur le poser, simplement pour les commodités intellectuelles ou pour un snobisme esthétique de quelque nature quoi se soi – et là, on se mettrait á faire quelque chose de très fasciste et dangereux.

A : Pourquoi ?

I : Parce qu’on nierait à travers l’objet la culture de l’autre. C’est terrible. On nierait à travers tout ça charge – parce que n’importe quel petit objet, même si ce soit un objet qui casse vite, parce que dans le sériel Chinoise, Japonaise, Européenne, qui ne casse vite que le marchand me vendrait port toute la Chine, et au-delà toute l’humanité’humanité. Donc le problème c’est pas que l’objet casse vite; le problème c’est que cette objet-là qui casse vite et nous viens de Chine, mais – il porte quel moment du temps historique de la Chine – le moment de l’entrée dans une nouvelle direction de la Chine vers la voix capitaliste du développement face á une mondialisation qui ne supporte pas la concurrence courtoise des courbettes, les (??), les histoires des gentilles. C’est une concurrence féroce. Un objet, il faut qu’il soit prêt, vite, sur le marché. Et il faut vite á le vendre là-bas, il faut que ça casse vite pour vendre vite, il faut il faut il faut gagner… Cet objet-là, il porte ça. Il renseigne sur la situation idéologique non seulement de la Chine mais du système mondial globalisé, dans la globalisation. La globalisation autant qu’idéologie dominant du monde actuel.

A: Alors, j’ai oublié avant que quand je disais que je n’avais aucun objet Africain, j’ai oublié un objet. Qui pourtant pour moi est Africain et au même moment c’est un objet naturel, et j’n’ai pas vraiment y pensé mais – je vais le montrer si Vous –

I: Vous faites comme Vous voulez!

A: Alors, c’est celui là. {Montre la coquille.}

I: Pose-le sur la table et mets, ça en relation avec l’objet que te vient de Chine.

A: D’accord.

I: Tu le mets en relation. Maintenant. Tu les as mis en relation?

A: Oui, mais il y en a –

I: Il y on a quoi?

A: Il y on a encore un –

I: Voilà, mets la en relation. Maintenant. L’objet qui vient d’Afrique, ouvre-le et pose sur ton oreille. Droit. L’objet qui te vient d’Afrique. Tu l’ouvres.

A: Oui.

I: Pose sur ton oreille gauche. Ecoute-le.

A: Oui, je sens la mer. J’avais une coquille comme ça quand j’étais enfant.

I: Parle, parle, parle, parle, parle.

A: Mon père l’avait importé, et j’aimais beaucoup ça, de sentir la mer.

I: Parle, parle, prends tout ton temps. Avouait-le. – Parle… parle á haute voix! Parle, on t’écoute. Parle.

A: Oui, mais ça – c’est la mer et la mer, j’ai toujours aimé beaucoup.

I: Parle, parle.

A: Et elle me parle facilement –

I: Parle. Dis celle qu’elle te dit – raconte –

A: Elle me dit des choses – confortant.

I: Raconte ces choses-là.

A: Confortant mais au même moment, c’est un peu – c’est détaché –

I: Raconte les choses –

A: Détaché de nous – c’est comme une chose… C’est toujours là et il y n’a pas vraiment… C’est rassurant parce que ça ne change pas. Les détails n’ont aucune importance. Tous les poissons ?? là… Oui, il y a les poissons, il y a tous ces animaux de la mer qui vont dans des directions différentes, non? Qui traverse la mer ou qui se trouve dans des grandes groupes – et ils sont tellement beaucoup beaucoup qu’on ne peut pas le conter.

I: Alors c’n’est pas nécessaire de le conter, mais raconte ce que t’ils disent. – Personne ne pourra jamais les conter, mais tu vas raconter ce qu’ils te disent, la bande de poissons.

A: Bon, qu’ils étaient la depuis beaucoup plus longtemps que nous… qu’ils bougent très facilement… dans l’eau…

I: Beaucoup? – Tu les vois? – Tu vois comment ils bougent?

A: Quoi?

I: Tu vois comment ils bougent?

A: Ils bougent – oui, c’est comme ça, ils bougent comme ça, et puis comme ça, comme ça, non? Ils ont des mouvements très vîtes, puis ils changent de direction, ils vont dans cette direction-là, ils ont des grandes groupes…

I: Parle de ça, parle de ça! Parle de ce que tu vois!

A: Oui. Ils ont des couleurs très mystérieuses pour nous. Il y en a des poissons qui sont translucides, on peut voir ce petit squelette le dedans… Et il y a des poissons très grands, il y a tout ça. Et tout bouge avec une facilité que nous connaissons pas, parce que nous sommes là avec ce poids, et notre corps sur la terre, et on est obligé de marcher sur deux pieds, avec la lenteur ou — de la gravitation.

Ce que je sens, c’est aussi le vent, ce n’est pas seulement la mer. C’est le vent qui traverse toute cette énorme vaste superficie de la mer, et qu’y trouve presque rien, parce qu’il y a les ondes, mais, à partir des ondes, c’est très uniforme, quoi. Il y a tous ces petits mouvements d’onde, il y a les grandes ondes, les petites ondes, mais il n’y a pas une diversité des matériaux comme ici sur la terre. Alors, toute la diversité de la mer s’est cachée dedans. Et pour nous c’est pas visible parce qu’on peut – aujourd’hui on peut y entrer avec des instruments, mais normalement pour l’homme c’était comme un terrain interdit physiquement, et je pense que, dans beaucoup des cultures, c’est aussi interdit culturellement. Les pays où il y a des pêcheurs, ils n’aiment pas nager trop.

I: Oui…

A: Et moi, j’aime nager, j’ai toujours aimé nager dans l’eau parce que ça me donne, comme je disais avant, plus le sentiment de légèreté et de me perdre, un peu. D’être capable de bouger plus facilement.

I: Oui…

A: Et j’ai toujours aimé – mais là, on touche seulement le bord de la mer, non! On est enfin on comparaison avec la vasteté –

I: Oui…

A: – de la mer, on touche seulement au –

I: au bord –

A: le plus petit si on se jette là-dedans.

I: Oui…

A: C’est comme toucher seulement l’ongle du pied d’un énorme organisme.

I: Oui…

A: Et là, il y a un livre de Stanislav Lem, Solaris, ou il décrit un très grand océan sur une autre planète, qui est un organisme qui pense, et qui est capable de former en soi tous les – de former des objets qui sont dans la mémoire des hommes

I: Hm hm…

A: Alors c’est chez lui comme une matière qui peut prendre toutes les forme –

I: Hm hm…

A: – qui sont imaginables.

I: Hm hm…

A: Et ça, je trouve très juste, parce que j’ai l’impression qu’aussi chez nous, c’est comme ça, non. C’est tout forme des éléments très basaux –

I: Oui –

A: Qui se range en objet et qui se peut détruire pour former des autres objets, ou á la fin disparaître dans le, je sais pas, dans l’univers – ce n’est pas comme ça? Alors c’est comme une transmutation perpétuelle –

I: Hm hm…

A : Mais c’est comme ça aussi avec les poissons. Les plus petites vont être mangé par les plus grandes, mais à la fin ce n’est pas une chose cruelle, c’est seulement un changement de constitution…. Bon, c’est ça.

I: Continuez, regardez –

A: Encore?

I: Dites que Vous voyez –

A: Bon, tous que j’ai dit juste á maintenant ce sont des choses justes mais c’est aussi, j’ai aussi l’impression que j’ai dit des blagues.

I: Hm hm…

A: Mais – parce que ça sonne bon, mais peut-être je comprends pas intérieure –, – je ne comprends pas vraiment ce que j’ai dit là. Le sentiment aussi si je dis la chose que me vient vraiment dans la tête c’est que la mer c’est comme une chose, c’est comme un être féminin –

I: Hm hm…

A: qui chante. Très doucement.

I: Hm hm… Tout le temps?

A: Oui, c’est très doux. Très claire, avec une voix très claire. Il n y a pas vraiment une mélodie, c’est plutôt comme… mais il y a une très grande attirance.

I: Hm hm…

A: Quelque chose de très lisse…

I : Hm hm…

A: Très beaux…

I: Hm hm…

A: Et je me sens lié avec ça.

I: Hm hm…

A: Et c’est comme une connexion qui vient d’ici.

I: Hm hm…

A: Ou qui entre par la et qui et vient juste á ici.

I: Touchez le niveau, d’où ça vient, touchez-le –

A: Ici.

I: Touchez! Poussez! Poussez le niveau, poussez!

A: Oui, c’est ici.

I: Poussez-le, poussez-le!

A: Pousser?

I: Oui, vous poussez. Poussez-le, maintenant!

A: Oui.

I: Parlez, de ce qu’elle Vous dites

A: Oui, ça devient plus fort. C’n’est pas une mélodie, c’est plutôt un ton seulement, c’est – elle parle pas avec des mots, c’est seulement – hm – {essaye de chanter, mais sans sortir quelque chose}. Comme un „A“.

I: Hm hm…

A: „Ah“ – comme ça…… C’est très pur. Mais je ne peux pas traduire.

I: Hm hm…

A: Maintenant je suis fatiguée. – Je reste? – (AHH)

{Tombe en transe}

Abdou: {Tape un rythme avec les doits sur la table.}

A : {Se réveille de la transe.}

I: Hm. Posez.